La catastrophe du 25 octobre 1885

Dimanche 25 octobre 1885, seuls cinq carriers ont décidé de travailler dans les galeries des carrières.

Vers 15 heures, les personnes se trouvant aux environs des carrières entendent un grondement sourd et bref ressemblant à un bruit du tonnerre. À Périgueux, la nouvelle se répand rapidement sur une catastrophe survenue à Chancelade.

Aussitôt, plusieurs personnalités dont le préfet Bergeton se rendent sur les lieux.

Le village d’Empeyraud (proche du chemin de fer de Périgueux à Paris, dans la vallée de la Beauronne - dessin ci-dessus), situé sur le coteau au-dessus de la carrière, composé d’environ une dizaine de maisons n’est plus qu’un amoncellement de ruines. De nombreuses fissures se sont produites et ont provoqué l’effondrement de la carrière. Le hameau comptait dix familles représentant 34 personnes selon le dénombrement de 1881.

Le journal L’avenir de la Dordogne dans sa chronique locale du lundi 26 octobre annonce la mort d'une cinquantaine de personnes.

Pendant trois mois, tout est mis en œuvre pour retrouver les carriers. Des puits sont creusés, un forage est mis en place. Des spécialistes tel que l’inspecteur général des Mines, M. Tournaire, viennent à Chancelade. Des ouvriers d’un carrier de Jonzac et une équipe spéciale de Decazeville viennent également prêter main forte. En vain !

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Cent familles se retrouvent sans travail. Le conseil municipal de Chancelade lance un élan de générosité. Un appel aux dons est également lancé à la population comme en témoigne le poème de M. Labrouillère de Tonneins (ci-contre). En novembre, pour venir en aide aux familles sinistrées, un concert au théâtre de Périgueux est organisé avec M. Mounet-Sully qui selon l’Écho de la Dordogne du 23 novembre « a reçu un accueil chaleureux ». La presse qualifie l’évènement comme étant une « des plus brillantes représentations musicales qui aient eu lieu dans notre ville depuis bien des années ».

En 1887, la femme de lettres, Georges de Peyrebrune (1841-1917), qui possède une maison aux Meulières à Chancelade, publie Les ensevelis. Elle y reprend la catastrophe autour de trois personnages : Jacques (propriétaire d’un moulin et éperdument amoureux de Marthe), Marthe (épouse de François) et François (beau garçon qui travaille dans les carrières mais qui est porté sur l’alcool). Ce roman évoque les thèmes de la Nature et de l’Amour avec en toile de fond la catastrophe de Chancelade. À lire ou relire !

En juin 1888, cinq accusés sont poursuivis devant le tribunal correctionnel pour « homicide par imprudence ». Il s’agit selon le journal La Croix du 21 juin 1888 de : Imbert (maître-carrier), Chaigneau (ancien maître carrier et sous-directeur des travaux municipaux à Périgueux), Lambert et Puyjarinet (employés d’Imbert) et Martine (garde-mines).

La Presse locale et nationale a largement relaté cette catastrophe et la France s’est émue d’une telle catastrophe et de la surexploitation des carrières.

En 1988, le père Pommarède, alors président de notre Société, a écrit un article dans le bulletin de la SHAP.

Marie-France BUNEL

Lire l'article du père Pommarède (BSHAP 1988, page 61)

La catastrophe du 25 octobre 1885