Faïence de Thiviers

La faïence de Thiviers est connue par la qualité de son argile, son émaillage et ses décors. Le plus emblématique est celui des grosses marguerites, de facture récente, du début du XXe siècle semble-t-il1.
    Deux faïenceries se succèdent à Thiviers à partir du XVIIIe et jusqu'au siècle dernier. La première est créée aux alentours de 1755 par Nicolas DUBOURDIEU.

     Dès 1761, l'entreprise fabrique des carreaux de faïence utilisés en décoration ou protection murale. Ces carreaux sont décorés au pochoir en bleu sur fond blanc2 avec des dessins rappelant des carrés de dentelle ; leur format est 11 cm sur 11 cm. Malheureusement, beaucoup se sont perdus lors de la démolition de maisons ou suite à la modernisation des cuisines. Quelques-uns ont été trouvés et l'on a pu y observer les marques du fabricant Hippolyte Dubourdieu – Médaille Exposition Bordeaux – Thiviers3.

Faïence brune Cruche Demarthon

En 1789, quatre à cinq mille pièces y sont fabriquées. L'émail est supérieur à celui des autres manufactures. L'inspecteur des Arts et Manufactures note dans son journal de tournée : « La seule fabrique à remarquer à Thiviers est celle de faïence remarquable par la beauté et la bonté de sa couverte en blanc ». Il s'y fabrique des pièces depuis 3 sols jusqu'à 120 livres, vaisselle usuelle puis plats ovales chantournés style Louis XV, des saladiers à côtes, des brocs, des pichets et des cruches…

Décor typique de François Pigot Soupière Demarthon

La seconde faïencerie, créée en 1853, est celle de Sicaire DEMARTHON, ancien tuilier  à Saint-Pierre-de-Côle, associé à Pierre GENDREAU. Ils fabriquent dans un premier temps de la « grosse poterie de terre » puis de la faïence. Leurs pièces sont décorées notamment de fleurs de lys, en bleu cobalt de deux tons, ainsi que de fleurettes.

Après le décès sans descendance d’Antoine Dubourdieu en 1907, les deux faïenceries fusionnent et elles poursuivent la fabrication de poterie de cuisine, utilitaire ou décorative, et de faïences à fleurs bleues. Des services de table vont être créés avec au centre une grosse fleur bleue, un feuillage d'un bleu moins intense ou vert bleu puis aussi avec des décors polychromes. On peut aussi découvrir des motifs animaliers, des coqs, des papillons, tantôt jaune et bleu, et tantôt bleu et rouge.


     L'histoire de la faïence à Thiviers aura duré 174 années.
    Une belle collection de productions locales est présentée à la mairie de Thiviers.

                        Huguette Bonnefond

Salle d'exposition à la mairie de Thiviers

Notes :

1 : décor produit par François Pigot dès la fin du XiXe siècle.

2 : on utilise également le noir et les autres nuances dont le violet. Elles sont obtenues avec l’oxyde de manganèse. Du jaune (orangé) est également employé.
3 : certains carreaux portent la marque « Hippolyte Dubourdieu – Médaillé à l'exposition bordelaise - A Thiviers ».

La Société historique et archéologique du Périgord remercie M. André FRASZCZYNSKI, président de l’Association Les Faïences de Thiviers.

La salle des faïences de Thiviers est ouverte au public tous les samedis à la mairie de Thiviers. Entrée gratuite.
De 10h à 12h de Toussaint à Rameau
De 10h à 12h et de 15h à 17h30 le reste de l’année.

Bibliographie :

Claude Lacombe et Jean-Claude Moissat, Deux siècles de céramiques périgourdines 1730-1930, catalogue de l'exposition du Musée du Périgord, 1983.

André Fraszczynski, Les faïences de Thiviers - Une aventure humaine et industrielle de l’Ancien Régime aux années folles, Association « 1755-2004 – Les faïences de Thiviers », 2006.

Jean Parrot, En Périgord, Thiviers de jadis à aujourd'hui, Roc de Bourzac, 1987.


Jacqes Reix, Faïenceries en Périgord-Agenais, Fanlac, 1983.

Crédit photos : Association Les faïences de Thiviers

Faïence de Thiviers